La première mention du nom de BAIMBRIDGE apparaît dans les registres du XVIIIe siècle avec Jean-Baptiste BAIMBRIDGE demeurant paroisse Saint Paul et Saint Pierre aux Abymes, fils de Charles BAIMBRIDGE et de Marie BOLON.

Il épouse au Lamentin le 27 février 1764, Marie-Louise WACHTER du Baillif. De cette union naîtront huit enfants dont trois décèderont. Jean-Baptiste BAIMBRIDGE est né en 1729 à Limerick en Irlande et il est arrivé en Guadeloupe en 1760, un an après la prise de l’île en 1759, au cours de la guerre de Sept Ans.

Il est négociant à Pointe-à-Pitre (Pittville à l’époque anglaise). Il importe du bœuf salé, de la farine, du vin, du beurre d’Europe contre du café, du sucre, du sirop, du rhum et du coton provenant de l’intérieur par la chaussée des Abymes créée en 1748.

Grâce à son commerce, mais aussi par les commissions qu’il perçoit pour le compte d’autres commerçants, BAIMBRIDGE devient habitant propriétaire en achetant des terres aux sieurs BOUTINEAU, RAPHAEL, BOUILLON et DUCHENE.

Au cours de la Révolution Française, l’habitation Baimbridge est recensée comme caféière d’une superficie de moins de 100 hectares. En 1796 on y dénombre 42 cultivateurs, 56 cultivatrices et 3 domestiques de couleur. Cette même année, le 7 juillet 1796 (19 Messidor An IV) Jean-Baptiste BAIMBRIDGE décède.

L’habitation est aux mains de sa femme Marie-Louise et de sa fille Elisabeth-Sophie. Deux de ses fils Charles-Emerie (27 ans) et Jean-Charles (24 ans) ayant émigré à Saint Pierre en Martinique où ils sont aussi négociants.

 

De par leurs positions stratégiques, les hauteurs de Baimbridge suscitent l’intérêt de Victor HUGUES. Après avoir repris la Guadeloupe aux anglais en 1794, il fit ériger une redoute pour protéger Pointe-à-Pitre et le passage vers Basse-Terre. En 1802, elle est désaffectée. Le chef de bataillon IGNACE, après qu’il eût quitté en même temps que le colonel DELGRES, le fort Saint Charles devenu intenable par les bombardements des forces esclavagistes du général RICHEPANCE, remonta la Côte au Vent, traversa la Rivière Salée et s’installa à Belle-Plaine aux Abymes.

IGNACE ayant cru que Pointe-à-Pitre, qu’il s’apprêtait à attaquer était fortement défendu par les forces du général GOBERT et de PELAGE qui se portaient devant lui, s’enferma dans le fortin et hissa le drapeau rouge. Il repoussa deux assauts le 25 Mai avant de succomber, écrasé par l’artillerie française installée sur les mornes.

Le bilan fut terrible : 675 morts dont IGNACE et l’un de ses fils ; 250 prisonniers lesquels furent fusillés sur la place de la Victoire et à Fouillole.

Après le rétablissement de l’esclavage, beaucoup de propriétaires rentrés de l’émigration abandonnèrent leurs habitations en les vendant à d’autres. De nombreuses caféières ne sont plus cultivées. C’est ainsi que Baimbridge est achetée par un breton enseigne de vaisseau, Jean-Baptiste CARUEL qui démissionne pour habiter la Guadeloupe. En 1869, l’habitation Baimbridge est devenue une habitation cannière qui donne 250 000 tonnes de cannes alimentant l’usine de Darboussier. La parcelle où se trouve le lycée appartenait à Olympe CARUEL (fille de Jean-Baptiste), épouse DANEY DE MARCILLAC d’une famille de négociants de Saint Pierre en Martinique.

Elle est expropriée en 1963 par l’Etat pour une modique somme. Elle demande en compensation que l’on garde le nom de BAIMBRIDGE. Une fois entré dans le domaine de l’Etat, le terrain appartient d’abord aux services de l’Agriculture qui projettent d’y construire l’Ecole d’Agriculture de la Guadeloupe, extension naturelle du Jardin d’Essai situé en face. Cette école est finalement implantée à Destrellan. Les services de l’Urbanisme veulent y installer des logements, mais c’est finalement l’Education Nationale qui l’obtient pour installer un vaste établissement destiné à désengorger le Lycée Carnot de Pointe-à-Pitre. En janvier 1965, la première tranche de la Cité Scolaire, réservée au Lycée Technique était livrée, mais l’urgence était telle que le Lycée Classique s’était vu attribuer une partie de ses locaux à titre provisoire.

En 1968 a lieu la Grande Rentrée du Lycée Classique et Moderne enfin totalement achevé, avec comme Proviseur M. SARLAT et Censeur M. PERICARPIN. Prévu au départ pour 1600 élèves dont 350 internes, cet effectif n’a jamais été respecté allant jusqu’à 3400 élèves au milieu des années 80 avec en particuliers 39 classes de terminales.

 

NAZAIRE CALISE

Professeur d’Histoire & Géographie